Préambule

René CAPO à été coordinateur du comité de vigilance de Biscarrosse depuis sa création en 2001 jusqu'en 2014 ainsi que du collectif Aquitain contre les rejets en mer (2005-2006).

Il est également l'un des membres fondateurs de l'Association pour la Défense, la Recherche et les Études Marines de la Côte d'Aquitaine (ADREMCA) en 1979.


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Biographie


Quarante ans de veille auprès de l’océan

Publié le 11/07/2017 à 7h37 par Jean-Denis Renard.




René Capo sur la plage centrale de Biscarrosse, un lieu qu’il fréquente assidûment depuis 1970.

laurent theillet/« sud ouest » premium


Figure du combat pour la protection de l’océan, René Capo a décidé, après avoir longtemps prêché dans l’indifférence, de ne plus être à l’avant-poste.



Les dossiers garnissent le coin de la pièce et grimpent jusqu’au plafond. À côté de l’imposante étagère, un ordinateur allumé témoigne du passage à l’ère numérique. Qu’ils empilent les pages noircies ou les octets, les documents qui se bousculent dans le bureau de René Capo racontent la même histoire. Celle d’une vie consacrée à un combat têtu pour protéger l’océan et l’environnement côtier de Biscarrosse, à la bascule entre Landes et Gironde.


René Capo a laissé loin derrière lui le cap des 80 ans. Il y a trois ans déjà, il confiait à Jean-Marc Vigneaux la coordination du Comité de vigilance de Biscarrosse, une structure atypique chez les « environnementalistes », qui réunit militants pur sucre, élus de la commune et représentants associatifs. Il en reste aujourd’hui simple membre actif.

Ce n’est pas qu’il soit essoufflé, que ses convictions soient entamées. René Capo termine sa carrière plus écolo qu’il ne l’a démarrée. Originaire du Maroc, il a posé son sac dans les parages en 1963, à la création du Centre d’essais des Landes. « J’ai été élevé avec le son des vagues, j’ai toujours été passionné de pêche. En 1971, c’est en me promenant que j’ai découvert par hasard les rejets du collecteur des eaux usées du bassin d’Arcachon et de l’usine papetière de Facture (aujourd’hui Smurfit Kappa Cellulose du pin, NDLR) et la mousse qui partait de la plage de La Salie vers Biscarrosse. À l’époque, je ne me suis pas vraiment impliqué. J’ai commencé à réagir quand j’ai vu arriver sur nos plages les premiers plastiques, les télés, les congélateurs. Tout ce qui tombait des décharges espagnoles », raconte-t-il.

« On n’y pensait pas »

Les rejets – aujourd’hui traités en station d’épuration – du bassin d’Arcachon et de Smurfit alimentent la chronique de Biscarrosse depuis des décennies. René Capo se souvient que les nuisances étaient jadis considérées du point de vue visuel et olfactif. Pas vraiment sanitaire. « J’ai toujours été un grand amateur de surfcasting. Honnêtement, je ne me posais pas la question de savoir si le poisson était consommable. On n’y pensait pas », avoue-t-il.

L’homme a effectué un bout de chemin associatif, depuis la création de l’Adremca (Association pour la défense, la recherche et les études marines de la côte d’Aquitaine), à laquelle il a participé il y a quarante ans, jusqu’à celle du Collectif aquitain contre les rejets en mer en 2005, en passant par celle du Comité de vigilance de Biscarrosse, en 2001. Il a plongé dans la documentation et la réglementation sur la pêche, la qualité des eaux et les polluants. Il s’est frotté aux scientifiques, conviés par ses soins à des conférences très suivies. Il a ferraillé avec l’administration, les industriels et les élus. Il a su en convaincre quelques-uns.

Tout ceci a nourri sa prise de conscience, également alimentée par son vécu de pêcheur. « J’ai passé des nuits entières à faire du surfcasting sur la plage. Il y a beaucoup moins de poisson, c’est évident. Mais ce n’est peut-être pas le plus important. Il y a trente ans, on voyait des nuées de puces de mer s’agglutiner sur les boîtes d’appâts. Il n’y en a tout simplement plus. Force est de constater que pendant tout ce temps, on n’a rien réglé, bien au contraire », soupire-t-il.

Des inquiétudes partagées

Ce cheminement personnel, René Capo l’a dessiné dans un entourage traversé par des doutes de plus en plus lourds sur l’environnement marin. Au début était l’indifférence – ou l’impuissance – à peu près générale, qu’il s’agisse des vidanges périodiques du wharf de La Salie, des déchets marins ou des dégâts sur la biodiversité provoqués par le nettoyage mécanique des plages. Ils étaient quelques-uns – surfeurs de La Salie, ostréiculteurs du Bassin – à prêcher comme lui dans le désert, des farfelus ou des obstinés (voire les deux).

L’inquiétude est aujourd’hui largement partagée. Et son combat mieux reçu. « Je me trouve moins d’ennemis qu’auparavant… Mais j’ai toujours pris soin à rester sur une ligne apolitique. Je pars du principe que l’environnement appartient à chacun d’entre nous. Il faut informer tout le monde, et surtout les élus », raisonne-t-il.


L’éloge de la transparence



Ces dernières années, son militantisme a surtout été tourné vers les polluants émergents, comme les traces de médicaments, les nanoparticules ou les retardateurs de flamme. Ces résidus chimiques traversent les filtres des stations d’épuration, conçus en priorité pour les polluants « traditionnels », tels que les métaux lourds et les hydrocarbures. Leur présence dans les rejets du wharf de La Salie le désole, tout comme leur diffusion dans les nappes phréatiques.



« Il faut une plus grande transparence sur ces questions désormais. Je dois le signifier aux élus et aux responsables de tous bords, on ne peut plus se permettre de cacher ce que l’on sait, plus à notre époque », plaide-t-il. René Capo veut croire que les solutions techniques pour cesser de bafouer l’océan sont là, à portée de main. « Il faut arrêter la com et mettre en place des technologies efficaces. Elles existent, elles coûtent très cher, mais la survie des mers est à ce prix », appuie-t-il en guise de testament.


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« Le plus grand fléau, ce sont les micropolluants »

Publié le 04/12/2014 à 06h00 par 

 


René Capo vient de laisser les rênes du comité de vigilance de Biscarrosse qui milite pour la protection du milieu marin. Retour sur 37 ans de lutte.© PHOTO  Sabine Menet  s.menet@sudouest.fr


A 81 ans, René Capo vient de passer le flambeau du comité de vigilance de Biscarrosse à Jean-Marc Vigneaux, à ses côtés depuis la création de la structure en 2001. Un départ qui n'entame pas l'investissement que ce militant environnemental mène depuis déjà trente-sept ans. Retour sur une vie d'engagements et d'espoirs.

Quelles sont les racines de votre engagement ?
Je suis arrivé du Maroc en 1963 pour travailler au Centre d'essai des Landes. J'ai été pris de passion pour Biscarrosse. 
En 1964, j'ai découvert l'univers des ostréiculteurs, ceux que l'on appelait encore les paysans de la mer. J'ai mesuré toute la dureté et la fragilité de leur milieu. Pêcheur, j'ai vu arriver en 1977 des chalutiers autorisés à pêcher à 300 mètres des côtes. 
C'est comme cela que tout a commencé. J'ai épluché le droit et rejoint la commission Pollution environnement liaison avec les affaires maritimes du comité régional de la fédération française de pêche en mer. 
C'est au même moment que l'on a vu les premiers plastiques sur les plages venus de la décharge à ciel ouvert de Bilbao.

À cette époque, déjà, vous employiez le mot de fléau pour parler de cette pollution. Est-il toujours approprié ?

Hélas, oui. Aujourd'hui, nous ne pouvons que prévoir le pire et c'est bel et bien un 7e continent de macrodéchets que nous laissons aux générations futures. Ce n'est plus seulement le Golfe de Gascogne qui est touché. On retrouve des plastiques jusque dans la chair des poissons. 
Mais le plus grand fléau aujourd'hui, ce sont les micropolluants. Ils sont partout dans l'air, l'eau, la nourriture, les vêtements, l'habitat.

En 1979, vous participez à la création de l'Adremca.
Quels étaient les enjeux ? 
L'association pour la défense la recherche et les études marines de la côte Aquitaine a été créée afin de lutter contre la désertification des fonds marins et a conduit aux tout premiers récifs sous-marins. Bon, au départ, nous n'avions pas été très inspirés et avions posé des pneus lestés du côté de la Salie et de Mimizan. On les a vite remplacés par des blocs de béton !

Pourquoi avoir ensuite quitté la commission ?
Après la marée noire du « Prestige », j'attendais une prise de position que le président n'a pas eue. Je suis parti. 
Dans le même temps, le port d'Arcachon lançait sa campagne de clapage en mer et les déversements débutaient au Wharf. 300 000 m3 de vases arrivaient jusqu'à Biscarrosse ! Le 11 septembre 2000, aux côtés de Surf Rider, de la ville de Biscarrosse, de l'Adremca, de l'association Le Poulp et de Bisca Surf, dont faisait partie Jean-Marc Vigneaux, nous avons organisé une grande manifestation.

Que s'est-il passé ? 
Sur leurs planches, les surfeurs ont récupéré des moules que nous avons fait analyser et nous avons lu les résultats. Le taux de contamination était cent fois supérieur à celui annoncé par le Siba (Syndicat intercommunal du bassin d'Arcachon). Les résultats ont été confirmés en 2003 par l'enquête publique. Nous avions également des photos aériennes qui montraient que la drague déstockait au niveau du banc d'Arguin. C'est suite à cela que Marc Druart, qui présidait la section régionale conchylicole, a porté plainte. Forts de tous ces éléments, nous avons rencontré le préfet de l'époque, Thierry Frémont. 
Le comité de vigilance était né.

Comment s'est passée cette rencontre avec le préfet ? 
C'était un homme de mer qui a immédiatement pris la mesure de la situation et a interdit le clapage. Grâce à lui, en 2008, nous avons pu obtenir la création de la Clis (commission locale d'information et de surveillance) relative au Wharf de la Salie. Mais avant cela, en 2005, un nouveau projet de clapage en mer était porté par Yves Foulon, maire d'Arcachon et président de l'Epic du port. 
C'est là que s'est créé le collectif aquitain contre les rejets en mer. Là que nous avons fait notre plaidoyer pour un océan propre avec Surfrider, la Ceba (Coordination environnementale du bassin d'Arcachon), le comité et la Sepanso. Là aussi que nous avons manifesté aux côtés des ostréiculteurs. 
Suite à cette nouvelle mobilisation, le préfet Francis Idrac nous a reçus. Franchement, au départ, il ne nous était pas favorable mais nous l'avons convaincu.
Après 2006, le collectif a été mis en sommeil.

La fin du clapage en mer est-elle acquise ? 
Je l'espère. C'est notre victoire mais il faut rester vigilant. Toujours.
Qu'avez-vous fait d'autre au sein du comité ?
Nous nous sommes beaucoup intéressés au nettoyage mécanique des plages, à la mortalité des dauphins sur le littoral aquitain, à la disparition de la biodiversité. Nous organisons des conférences, intervenons auprès de jeunes et tentons de mobiliser les élus. Nous avons aussi accompagné les ostréiculteurs lorsqu'ils ont manifesté devant le Wharf et, bien entendu, lorsque la déchetterie de Smurfit a été mise à jour.

Le Wharf reste-t-il le cheval de bataille du comité ?
Tout Biscarrossais est viscéralement opposé aux rejets mais franchement, le problème dépasse le Wharf et concerne l'ensemble des stations d'épuration.
Comment décririez-vous la situation actuelle ?
Tout reste à faire. Et la pollution, où qu'elle se situe, concerne tout le monde. Les océans n'ont pas de frontières. L'environnement, c'est comme une brosse à dents : il faut s'en préoccuper tous les jours. Si l'on n'en prend pas soin il se retourne contre nous. Aujourd'hui, nous disposons de toutes sortes d'informations dont celles qui il y a quelques années étaient tenues secrètes. Le problème, c'est qu'elles sont noyées dans de la futilité.

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