Neuf antillais sur dix contaminés à la
chlordécone,
un insecticide puissant
19 juin 2018
Pendant plus de 20 ans, en Guadeloupe et en Martinique,
l’insecticide chlordécone a été massivement pulvérisé sur les bananiers.
Aujourd’hui, neuf Antillais sur dix sont contaminés par ce perturbateur
endocrinien classé comme cancérigène probable. L’eau de l’île, également
contaminée, doit encore aujourd’hui être filtrée pour être potable.
Qu’est-ce
que la chlordécone ?
La
chlordécone est un insecticide largement épandu dans les Antilles entre 1973 et
1993. Il portait alors le nom de Képone, puis Curlone. Son utilisation
permettait de lutter contre le charançon, le plus grand prédateur des
bananiers. Il a été interdit en France métropolitaine en 1990 puis 3 ans plus
tard dans les Antilles, en raison de son extrême toxicité. En 1979, l’OMS
(Organisation mondiale de la santé) a reconnu ce perturbateur endocrinien comme
neurotoxique, reprotoxique (effet néfaste sur la fertilité) et cancérogène
probable.
Quel
est l’impact sur la santé des Guadeloupéens et des Martiniquais ?
Selon
une étude publiée en 2013 par Santé publique France, 95 % des Guadeloupéens et
92 % des Martiniquais sont contaminés à la chlordécone. Les taux
d’imprégnations dans le sang varient de 0,13 microgramme à 18,53, mais aucune
norme « acceptable » n’a été établi, souligne Le
Monde. « Même à très faible dose, il peut y avoir des effets sanitaires », précise
au journal Sébastien Denys, directeur santé et environnement de l’agence. Ce
perturbateur endocrinien est également suspecté d’être responsable de nombreux
cancers de la prostate sur ces îles.
La
Martinique détient par exemple le record mondial de cas de cancer de la
prostate selon le World Cancer Research Fund International.
Une étude avait d’ailleurs été lancée en 2013 pour lever le voile
sur le lien entre la chlordécone et ce taux record. Mais l’Inca, Institut
national du Cancer, a coupé les financements de cette étude, car elle doutait
de sa faisabilité. À sa tête à l’époque : Agnès
Buzyn, l’actuelle ministre de la Santé.
Pourquoi
ce sujet revient dans l’actualité ?
Le 5
juin dernier, la chaîne Guadeloupe Première a révélé que des résidus de
chlordécone avaient été retrouvés dans de l’eau du robinet. L’utilisation
massive de l’insecticide a en effet pollué les nappes phréatiques sur l’île.
Depuis, des filtres de charbon actif sont utilisés pour traiter l’eau. Le 16
avril une alerte a été lancée à la communauté d’agglomération Grand Sud
Caraïbes.
Les
filtres, qui coûtent cher, n’ont pas été changés et leur efficacité est limitée
dans le temps. Or, le communiqué des autorités sanitaires prévenant les
populations à risque (les enfants et les femmes enceintes) de ne pas boire
l’eau n’a été publié que le 2 mai. Deux semaines après la première alerte. Et
le communiqué n’a été diffusé que cinq fois, à 5 h 45 du matin et à midi,
souligne Guadeloupe Première.
Quelle
est la réponse de l’État ?
Interrogée
par Le Monde, Agnès Buzin affirme que le gouvernement est « prêt à
remettre de l’argent pour tout scientifique souhaitant monter une étude
robuste ». Jusqu’ici quelques vagues plans ont été lancés mais n’ont pas
convaincu les populations locales. D’autant qu’en 2017, l’Anses, Agence
nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation a publié une étude dans
laquelle elle déconseille de manger de la nourriture produite
localement. « Ces aliments sont pourtant autorisés à la
vente », dénoncent deux étudiants dans une pétition ayant reçu plus
de 30 000 signatures. Ils demandent à Emmanuel Macron de « stopper
l’empoisonnement des habitants ».
Marina Fabre
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En Métropole nous avons le GLYPHOSATE et tous les autres produits toxiques
qui tuent nos sols, polluent nos rivières, nos lacs, nos nappes phréatiques
( l’eau potable de demain ) nos fleuves et bien entendu le milieu marin
de notre littoral…( 80 % de la pollution marine est d’origine terrestre )
Mais dormons
tranquille car d’après certains de nos contemporains, tout va bien ! Notre durée de vie n’a jamais été aussi grande.
René Capo