TRIBUNE.
"Il
est plus rentable de détruire l'environnement que de respecter la loi" :
des
associations et des juristes réclament plus de moyens pour la justice
Face aux
pollutions et aux catastrophes industrielles, des associations
environnementales, des avocats, des universitaires et des juristes appellent à
"donner
à la justice les moyens de protéger l'environnement et la santé".
Le nuage
de fumée de l'incendie de Lubrizol, le 26 septembre 2019 à Rouen
(Seine-Maritime). (PHILIPPE LOPEZ / AFP)
Donnons à la justice les
moyens de protéger l'environnement et la santé. La récente catastrophe de Lubrizol
nous rappelle que les activités industrielles doivent être soigneusement
encadrées car tout laxisme peut mettre en péril l'environnement, mais aussi la santé des citoyens. A
rebours de cette nécessaire précaution, l'Etat met en place depuis plusieurs
années une politique de déréglementation et de raréfaction des contrôles, sous
prétexte d'accorder plus de libertés aux divers acteurs économiques. Les
atteintes à l'environnement sont pourtant nombreuses et rarement sanctionnées
alors que, dans la majorité des cas, elles causent des dommages irréversibles à
la richesse écologique de notre pays, à la santé des individus et à l'avenir
des territoires. La protection de l'environnement est aujourd'hui une valeur
sociale de premier plan mais, comme dans beaucoup de domaines, les questions de
la volonté politique et des moyens alloués à la justice sont au cœur du
problème. Pourtant, quelques mesures concrètes pourraient inverser la tendance.
Les préfets arbitrent en défaveur de l'environnement, créons une
autorité indépendante
A l'heure actuelle, le seul rempart est la mobilisation des associations. Nous proposons donc la création d'une autorité indépendante, qui aura le pouvoir de prendre les décisions qui s'imposent pour prévenir et sanctionner à la place des préfets, et qui organisera le travail de la police de l'environnement qui, aujourd'hui, n'est pas suffisamment soutenue.
Les juges n'ont pas le temps de défendre l'environnement, augmentons les effectifs et spécialisons-les
Le délit de mise en danger de l'environnement n'existe pas, créons-le
A l'heure actuelle, le seul rempart est la mobilisation des associations. Nous proposons donc la création d'une autorité indépendante, qui aura le pouvoir de prendre les décisions qui s'imposent pour prévenir et sanctionner à la place des préfets, et qui organisera le travail de la police de l'environnement qui, aujourd'hui, n'est pas suffisamment soutenue.
Les juges n'ont pas le temps de défendre l'environnement, augmentons les effectifs et spécialisons-les
Le délit de mise en danger de l'environnement n'existe pas, créons-le
Barrage
de Sivens, aéroport de Notre-Dame-des-Landes,
méga centre commercial d'Europacity,
pollution d'ArcelorMittal à Fos-sur-Mer, usine
Total de La Mède… Les
affaires pour lesquelles les préfets ont délivré des autorisations illégales ou
laissé sciemment des industries polluer durant des années ne manquent pas. Les
chiffres parlent d'eux-mêmes : rien que dans le domaine de l'eau, un rapport du
Conseil d'Etat relevait en 2010 que seulement 8,5% des manquements relevés par
les inspecteurs de l'environnement faisaient l'objet d'une sanction de la part
du préfet.
Justifiées
par le développement économique de court terme ou le maintien de l'emploi, ces
décisions laissent libre cours au bétonnage, à la consommation excessive de
ressources naturelles et conduisent à des dommages irréversibles.
C'est
un fait : en France, il est plus rentable de détruire l'environnement que de
respecter la loi. En Isère, une filiale de Lactalis vient d'être condamnée à 50 000 euros d'amende
pour avoir déversé des polluants dans une rivière pendant plus de soixante-dix
ans. Elle a ainsi économisé plusieurs millions d'euros ! Près de Nantes,
Leclerc a engagé la construction d'un centre commercial sans autorisation,
détruisant des zones humides et des espèces protégées. Sanction : 800 euros
d'amende... Concrètement, les procureurs ont très peu de temps pour enquêter
sur ces dossiers complexes. Les juges découvrent parfois ces affaires au
dernier moment, ne prennent pas nécessairement la mesure des dommages et le
besoin de sanctions dissuasives.
Comment
la justice peut-elle jouer son rôle ? Il est urgent de former et spécialiser
les magistrats, comme cela se fait dans de nombreux pays (Suède, Chine,
Nouvelle-Zélande…) et que des moyens humains et financiers soient accordés pour
une justice environnementale au service des citoyens. En Espagne, un parquet
national de l'environnement comprend 250 procureurs, experts et scientifiques.
Résultat : les condamnations ont plus que triplé.
Sanctionner
les dégâts a posteriori ne suffit pas : ils sont complexes à réparer et souvent
irréversibles. Le Code pénal doit ainsi être complété par un chapitre
spécifique sur l'environnement, comprenant notamment un délit de mise en danger
de l'environnement ou de la nature, comme cela existe déjà pour le délit de
mise en danger d'autrui.
Pour en
finir avec le sentiment d'impunité qui s'est développé chez les délinquants
environnementaux, pour en finir avec les régressions permanentes dans ce
domaine qui augmentent les risques, donnons à la justice les moyens d'être
efficace. La destruction incessante de notre cadre de vie n'est pas
compensable. Pour nous, associations, qui agissons tous les jours sur le
terrain pour la défense de l'intérêt général, il est urgent que la justice
protège enfin la santé et l'environnement.
Signataires
:
Associations
: France Nature environnement / Greenpeace / Surfrider Europe
/ Société française pour le droit de l'environnement (SFDE) / Réseau sortir du
nucléaire
Avocat·e·s
: Etienne Ambroselli / Céline Bronzani / Samuel Delalande / Thomas
Dubreuil / Alice Terrasse / Mathieu Victoria / Emmanuel Wormser / Benoist
Busson / Sébastien Le Briéro / Sandrine Gélis / Gwenaëlle Troude / Maxime Le
Borgne / Rémi Lavigne / Alexandre Faro
Universitaires
: Xavier Braud, maître de conférences, université de Rouen,
Normandie / Marie-Pierre Camproux Duffrene, professeure de droit, université de
Strasbourg / Chantal Cans, maître de conférences émérite de droit public, Le
Mans université / Hubert Delzangles, professeur de droit public, Sciences-Po
Bordeaux / Carole Hermon, professeure de droit à l'université Toulouse Capitole
/ Marie-Laure Lambert, codirectrice du Master 2 droit et métiers de l'urbanisme
durable, Aix Marseille / Matthieu Poumarède, professeur de droit à l'université
Toulouse Capitole / Michel Prieur, président du centre international de droit
comparé de l'environnement / Sarah Vanuxem, maîtresse de conférences en droit à
l'université Côte d'Azur / Bernard Drobenko, professeur émérite des universités
- ULCO - Laboratoire TVES
Juristes
: Julien Bétaille / Simon Jolivet / Raymond Léost (Bretagne) /
Benjamin Hogommat (Pays de la Loire) / Elodia Bonel (Auvergne-Rhône-Alpes) /
Romain Ecorchard (Bretagne) / Antoine Gatet (Nouvelle-Aquitaine) / Olivier
Gourbinot (Languedoc-Roussillon) / Hervé Hourcade (Midi-Pyrénées) / Florence
Denier-Pasquier (Pays de la Loire) / Cécile Guénon (Bourgogne-Franche-Comté) /
Tristan Richard (Auvergne-Rhône-Alpes) / Marine Le Feunteun (Charente-Maritime)
/ Anaïs Cordier (Lorraine) / Maxime Colin (Ile-de-France) / Brieuc Le Roch
(Bretagne) / Albéric Biglia (Alsace) / Delphine Chevret (Manche) / Ludovic
Jomier (Nouvelle-Aquitaine) / Anne Roques (Midi-Pyrénées) / Jérôme Graefe
(Ile-de-France) / Sophie Bardet (Pays de la Loire) / Mathilde Goueffon (Paca) /
Mathieu Labrande
**********************
Dans
notre région aussi !
Le
scandaleux Centre d'enfouissement technique des déchets d'Audenge (C.E.T)
A)
Fréquence
Grands Lacs :
http://www.frequencegrandslacs.fr/actu-1755.html
( à partir de 10 minutes )
B)
Sud Ouest :
1)
Sévères
réquisitions :
2)
L’administration [en] a
permis l’exploitation en toute impunité :
3)
Les élus vont payer pour
réhabiliter la décharge :
Le prix
de la réhabilitation supposée =
22 millions d'euros sur 30 ans…( payé
par les contribuables… )
Aucune
sanction malgré de lourdes fautes écologiques et de corruptions retenues par la
justice.
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