Les PFAS, polluants éternels : le rapport qui révèle l’étendue des dégâts
Les PFAS, toxiques pour l’homme, sont partout : dans
l’air, dans les sols et dans l’eau.
Sans surveillance.
© Crédit photo : Stéphane Lartigue/“SUD OUEST”
Par Jean-Denis Renard - jd.renard@sudouest.fr
Publié le 14/04/2023
Produites
par l’industrie depuis le milieu du XXe siècle pour
leurs propriétés imperméables, anti-adhésives et anti-salissures, présentes
dans d’innombrables objets du quotidien, ces molécules contaminent
l’environnement. Leur composition allie le carbone et le fluor, une liaison qui
jamais ne se brise. Aussi les dénomme-t-on « polluants éternels ». Et
comme on continue à les disperser, ils s’accumulent. Et intègrent
la chaîne alimentaire jusqu’au prédateur universel : l’homme.
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La région Nouvelle-Aquitaine n’est pas la
plus touchée, loin de là
En février dernier, le travail d’une équipe journalistique
internationale, le « Forever pollution project », a accouché d’une
carte interactive de la contamination aux PFAS des eaux – de surface et
souterraines – du continent européen. Nos
confrères du « Monde » l’ont mise en ligne. À l’examiner,
la Nouvelle-Aquitaine n’est pas la plus touchée, loin de là. Bien moins que les
vallées du Rhône ou du Rhin. Deux sites industriels à Pierre-Bénite, au sud de
Lyon, ont fait parler d’eux via « Envoyé Spécial », diffusé sur
France Télévisions en mai 2022 : Arkéma et Daikin Chemical. La préfecture
du Rhône conseille d’ailleurs de ne pas consommer les œufs des poulaillers dans
les communes proches.
Dans la région, la carte
interactive mentionne tout de même des concentrations importantes de PFAS dans
un puits à Mont, dans les environs de Lacq, en Béarn, où l’industrie lourde a
élu domicile. Plus insolite, le taux considérable rapporté à La Tremblade,
en Charente-Maritime, sur un échantillon d’eau souterraine daté de 2021.
Laurence Osta Amigo, la maire de cette commune ostréicole, tombe des nues.
« Je n’en ai jamais entendu parler et je ne sais rien sur ce prélèvement.
Je n’ai pas été contactée par les autorités. Je ne vois pas ce qui pourrait provoquer
une pollution chez nous », réagit-elle.
Un rapport tant réclamé
Ici comme ailleurs, le voile se déchire. Commandé en février 2022
par Barbara Pompili, alors ministre de la Transition écologique, un rapport
officiel sur la contamination de notre environnement a été rendu public ce
vendredi 14 avril. Il était réclamé depuis des semaines par des
associations – Robin des Bois, Générations Futures – et des
parlementaires comme Nicolas Thierry, le député (EELV) de la Gironde. Dans un
surprenant carambolage calendaire, celui-ci a finalisé la veille, le 13,
une proposition de loi sur le sujet.
Épais de 90 pages, le
rapport souligne les répercussions des PFAS sur la santé animale :
« toxicité hépatique et rénale, diabète, obésité, hypercholestérolémie,
effets immunitaires, hématologiques et sur la reproduction, effets sur le
développement neurologique et le développement des cancers chez les animaux
exposés. Les PFAS agissent comme des perturbateurs endocriniens »,
énumère-t-il. Interdit depuis 2020, l’un des PFAS les plus communs, le PFOA, a
été reconnu substance préoccupante dès 2013 et classé « cancérigène
possible pour l’homme ». Certains PFAS traversent la membrane placentaire
et exposent le fœtus.
C’est un désert des connaissances et du
suivi que dessine le rapport
Au vu de ces menaces, les
lacunes du dispositif de surveillance ne peuvent qu’étonner. Elles prennent du
relief au fil des pages. « La France ne réglemente aucun PFAS dans le
contrôle des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation
humaine », est-il indiqué. « La réglementation française des
émissions industrielles encadre encore trop peu les rejets en PFAS et leur suivi
en banques de données est quasi inexistant. Il n’existe pas de
réglementation européenne ni française portant sur les PFAS dans les sols, ni
de critères de qualité des sols pour les PFAS. La situation est identique en
matière de qualité de l’air », est-il souligné un peu plus loin.
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Les auteurs poursuivent.
« Le traitement des PFAS présents dans les fumées ne semble actuellement
pas pris en compte : pas de normes, pas de méthodes d’analyse. »
« Depuis juillet 2020, la réglementation du Danemark a interdit l’usage
des PFAS dans les emballages alimentaires. De telles dispositions n’existent
pas en France ». « La mission n’a eu accès à aucune étude relative
aux importations, productions et ventes de PFAS en France », etc. Au
final, c’est un désert des connaissances et du suivi que dessine le rapport.
Une élimination hypothétique
L’absence de moyens déployés pour éliminer ces substances, ou du
moins limiter leur dispersion, est tout aussi intrigante. « La plupart
des stations d’épuration d’eaux usées urbaines ou industrielles,
notamment biologiques, ne sont pas capables d’éliminer les PFAS », alerte
le document. Il signale que la seule méthode efficiente consiste à incinérer
ces composés. Mais la température requise fait débat. 900 °C ou
1 300 °C ? On ne sait pas. Dès lors, les fours vers lesquels
sont dirigées les ordures ménagères risquent d’aggraver le mal en rejetant les
polluants par voie atmosphérique, sans les avoir dégradés.
En conclusion, les rapporteurs
incitent le gouvernement à agir sans délai. En mettant en œuvre le suivi qui
fait défaut. Mais aussi en s’adossant à la proposition, formulée par cinq pays
européens (Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Suède et Norvège), de restreindre,
voire de bannir les PFAS. Présenté le 17 janvier dernier par le
gouvernement, probablement sur la base de ce rapport qui n’avait pas été
divulgué, un plan d’action vise à documenter les dégâts. Nicolas Thierry, lui,
veut aller plus vite et plus loin : interdire rapidement les PFAS dans les
emballages alimentaires, instaurer un contrôle obligatoire sur l’eau potable et
amorcer un vaste plan de dépollution sur le principe pollueur-payeur. « On
connaît l’existence du problème depuis 2006, au moins. Qu’a-t-on
fait ? », interroge-t-il.
L’article
du Sud Ouest
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http://renecapo.blogspot.com/search?q=conference-debat+henry+augier
b) En organisant la première Conférence-Débat grand public en France le 28 juin 2014 sur L'impact des micropolluants sur la santé humaine et les enjeux pour l'épuration
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