Préambule

René CAPO à été coordinateur du comité de vigilance de Biscarrosse depuis sa création en 2001 jusqu'en 2014 ainsi que du collectif Aquitain contre les rejets en mer (2005-2006).

Il est également l'un des membres fondateurs de l'Association pour la Défense, la Recherche et les Études Marines de la Côte d'Aquitaine (ADREMCA) en 1979.


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lundi 27 février 2017


 
Les océans,
la plus grande poubelle du monde.
 
 
Des niveaux "extraordinaires" de pollution découverts dans la fosse des Mariannes, la plus profonde du monde.

 Alan Jamieson
Maitre de conférence en écologie marine
 
En menant une expédition dans la fosse des Mariannes dans l'océan Pacifique, des scientifiques ont découvert des niveaux "extraordinaires" de pollution dans des petits crustacés.
Des taux comparables voire plus élevés que ceux rencontrés dans les endroits les plus pollués au monde. C'est une découverte préoccupante que viennent de révéler des scientifiques britanniques.

Alors que la pollution des océans est un sujet d'inquiétude croissant à travers le monde, cette équipe a constaté que les profondeurs n'étaient pas épargnées par le phénomène. Une expédition dans des fosses océaniques profondes a permis d'enregistrer des niveaux "extraordinaires" de polluants.

Pour leur étude, les chercheurs de l'Université de Newcastle au Royaume-Uni se sont intéressés à deux fosses océaniques, la fosse des Mariannes et la fosse des Kermadec. Toutes deux figurent parmi les plus profondes connues à ce jour, descendant à plus de 10.000 mètres, mais sont séparées de quelque 7.000 kilomètres. Alors que la fosse des Mariannes s'étend entre le Japon et l'Australie dans l'océan Pacifique, la fosse des Kermadec se trouve elle, au nord de la Nouvelle-Zélande.

C'est dans ces deux habitats que les chercheurs ont collecté des petits crustacés endémiques, des amphipodes de la famille des Lysianassidae.

Deux polluants identifiés D'après l'étude publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution, les crustacés ont été capturés entre 7.000 et 10.000 mètres de profondeur par un robot sous-marin. Les chercheurs ont ensuite analysé leur organisme et y ont découvert des niveaux extrêmement élevés de deux types de polluants : des PCB (pour polychlorobiphényles) et des PBDE (pour polybromodiphényléthers).

Ces substances toxiques sont toutes les deux considérées comme des polluants organiques persistants (POP) et ont été interdites dès la fin des années 1970. Les PCB étaient autrefois utilisés comme liquide isolant notamment dans les transformateurs et les PBDE comme produits ignifuges avant que leur toxicité pour l'environnement et le corps humain ne soit dénoncée.

Mais l'interdiction de leur utilisation est loin de les avoir fait disparaitre, confirment les résultats de l'étude britannique. Dans les profondeurs océaniques, leur pollution s'est même révélée omniprésente : les PCB et PBDE ont été découverts dans tous les échantillons de toutes les espèces prélevées à différentes profondeurs dans les deux fosses.

Des niveaux records de polluants "Nous pensons toujours aux profondeurs océaniques comme à ce royaume isolé et immaculé, protégé de l'impact humain mais notre recherche montre que, malheureusement, ceci ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité", a commenté dans un communiqué Alan Jamieson qui a dirigé les recherches. Les taux de PCB les plus élevés détectés se sont avérés 50 fois supérieurs à ceux découverts chez des crabes à proximité du fleuve Liao qui figure pourtant parmi les plus pollués de Chine.

D'après les chercheurs, des niveaux équivalents n'ont été enregistrés qu'à un seul endroit très particulier, la baie de Suruga au Japon, victime d'une grave pollution industrielle. Pour les scientifiques, la présence de cette pollution n'est toutefois pas inattendue. Des années 1930 jusqu'à l'interdiction des PCB, la production totale de ces produits a atteint quelque 1,3 million de tonnes dont la majorité perdure encore dans la nature.

 "Ces polluants sont invulnérables à la dégradation naturelle et persiste dans l'environnement pendant des décennies", expliquent les auteurs dans leur étude.

Des polluants qui infiltrent la chaine alimentaire Le Dr Jamieson et ses collègues pensent que les polluants ont contaminé les profondeurs via les débris plastiques et animaux morts qui coulent au fond de l'océan. Or, cet habitat abrite de nombreux animaux dont les amphipodes qui se nourrissent de tout ce qu'ils trouvent. Des sortes d'éboueurs très efficaces qui ne résistent pas à cette nourriture venue de la surface.Contaminés, ces organismes sont alors consommés à leur tour par la faune plus grande, permettant à la pollution de s'infiltrer dans toute la chaine alimentaire et de se diffuser dans l'écosystème. "Quand ces polluants descendent dans les fosses océaniques, ils n'ont nulle part d'autre où aller", a souligné le Dr Jamieson repris par The Guardian.

Ce n'est pas la première fois que la pollution est mise en évidence au niveau de la fosse des Mariannes. L'an passé, une expédition menée par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) américaine avait déjà signalé la présence de déchets dont une boite de conserve, une canette de bière et un sac plastique jusqu'à 5.000 mètres de profondeur au niveau d'un canyon conduisant à Sirena Deep.

Étudier les conséquences à long terme "Le fait que nous trouvions des niveaux aussi extraordinaires de polluants dans l'un des habitats les plus reculés et inaccessibles sur Terre rappelle réellement l'impact dévastateur et à long terme que l'humanité a sur la planète", a commenté le Dr Jamieson. "

Ce n'est pas un formidable héritage que nous laissons derrière nous".
L'océan abrite le plus grand biome (ou macroécosystème) de la planète mais il reste largement méconnu. Ses recherches démontrent à quel point les profondeurs sont étroitement connectées aux eaux de surface. Des résultats cruciaux pour parvenir à mieux comprendre et surtout préserver ces environnements uniques.

Reste maintenant à déterminer les conséquences à long terme pour la faune marine de cette pollution. "Ce que nous ne savons pas c'est ce que cela signifie pour l'écosystème dans sa globalité. Comprendre cela sera notre prochain grand défi", a ainsi conclu le spécialiste britannique.
 Publié par Émeline Ferard, le 15 février 2017
 
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