Elle lutte contre le chalutage en eaux profondes
Claire Nouvian lutte contre les dégâts de la pêche industrielle sur les fonds marins
© PHOTO J-D. CHOPIN
Publié le 31 12 2014 par Véronique Fourcade, journaliste du Sud-Ouest
Claire Nouvian,
fondatrice et directrice de l'association Bloom, lutte contre le
chalutage en eaux profondes. Dès 2007, cette lanceuse d'alerte a été
élue « ange gardien de la planète » par le magazine « Géo » pour son
engagement dans la protection des systèmes marins. Héritière de l'esprit
Cousteau, elle conjugue vulgarisation scientifique et militantisme écologique.
« Sud Ouest ». La question de la pêche en eaux profondes est-elle encore à l'ordre du jour des institutions européennes ?
Claire Nouvian.
Le jeudi 27 novembre, le Conseil des ministres européens avait enfin
mis à son agenda l'examen de ce règlement que nous attendions depuis un
an. La France, poussée par le lobby de l'industrie de la pêche, a réussi
à le faire déprogrammer à la dernière minute. La présidence italienne
veut avancer sur ce sujet. La France veut gagner du temps et attendre la
présidence lituanienne qui sera plus malléable face aux pays favorables
à la pêche industrielle comme la France, l'Espagne, la Pologne.
Comment expliquez-vous ce revers ?
Bruxelles,
c'est le nid des lobbys. Depuis 2009, le mensonge se construit autour
du Parlement européen, impliquant des élus, des chercheurs d'État, des
experts qui font pression avec des moyens financiers bien plus
importants que ceux de Bloom. Cela a conduit, en décembre 2013, au rejet
de l'interdiction du chalutage profond par 342 voix contre 326. Alors
qu'une grande majorité des citoyens européens sont convaincus de la
nocivité de ce type de pêche, la délégation socialiste française, menée
par la députée Isabelle Thomas, a torpillé son interdiction. C'est
simple : l'ordre de vote a été changé à la dernière minute et quelques
députés se sont trompés. Une fois enregistrées les 20 corrections de
vote des parlementaires, il apparaît que le règlement aurait dû être
adopté à 343 votes contre 330, mais il n'existe aucun recours légal pour
faire prendre en compte cette réalité.
Le
Conseil des ministres a repris l'affaire. Fin novembre, la même députée
bretonne a agi en sous-main pour que l'examen de ce règlement n'ait pas
lieu.
Pensez-vous baisser les bras ?
J'ai
connu plein d'échecs dans ma vie, mais celui-ci me touche et crée une
vraie angoisse. Certes, je m'implique pour la préservation de
l'écosystème marin, mais mon vrai combat va bien au-delà de la pêche.
C'est
tout notre système de démocratie qu'il faut revoir. Je pense que nos
représentants ne devraient pas être élus mais tirés au sort. Les élus ne
représentent pas les citoyens qui votent pour eux et au Parlement
européen encore moins qu'ailleurs. C'est pour cela que le rêve européen
s'effondre. On vote des règlements qui sont l'exact contraire de ce que
réclament, par simple bon sens, les Européens.
Vous lancerez-vous en politique ?
J'ai
été sollicitée, mais c'est non. Je ne peux pas accepter les
demi-mesures avec la morale. J'ai du mal avec les mensonges qui sont
omniprésents dans la vie publique. Par exemple, il est désormais
démontré que les aides accordées à la pêche par l'Europe maintenaient
artificiellement une pêche qui économiquement n'est pas viable.
Depuis
des années, le chalutage industriel défigure les fonds, ramène dans ses
filets plus de 100 espèces de poisson dont 97 sont rejetées, car seules
trois sont commercialisées. Toutes ces subventions sont données pour
seulement 1 % des captures de poisson !
Au
lieu de mettre 800 millions d'euros pour 12 bateaux qui génèrent 1
milliard d'euros de chiffre d'affaires, il faudrait mettre 5 000 petits
bateaux qui pratiquent la cueillette.
Les
pêcheurs du Pays basque, que j'ai rencontrés, travaillent ainsi. Ce
sont des modèles de bonne conduite pour l'environnement, pour le
consommateur. C'est pour des personnes pures, sans compromission qu'il
faut se battre.
******
Merci de la soutenir en signant sa pétition.
Son combat est le notre :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire