AINSI VA NOTRE PLANETE !
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LE MASSACRE DE LA FAUNE MARINE CONTINUE A S'ORGANISER DANS UN SILENCE ASSOURDISSANT...
Au Japon :
Le massacre des Dauphins
Un dauphin tué rapporte 450 euros sur le marché de la viande, une somme non négligeable pour les pêcheurs de Taiji.
Selon l'organisation Sea Shepherd,
le principal moteur de cette chasse est la vente de dauphins à des
delphinariums. Un animal capturé vivant et dressé vaudrait 110.000
euros sur le marché international.
Ils se revendent très bien au Moyen-Orient et en Asie.
En Afrique :
«On pille nos poissons pour nourrir les porcs des pays développés!"
Le 20 janvier 2014 par Marine Jobert
La
pêche illégale au large des côtes sénégalaises sera-t-elle bientôt un
mauvais souvenir? Ministre de la pêche et des affaires maritimes du
Sénégal depuis septembre 2013, Haïdar El Ali
semble vouloir tirer son pays vers une voie nouvelle: protéger la
ressource halieutique des appétits étrangers et promouvoir une pêche
artisanale de subsistance. Le nouveau ministre, excellent plongeur et
écologiste actif, a expliqué au Journal de l’Environnement la nouvelle politique qu’il entend mener.
JDLE - Etes-vous soutenu dans cette démarche ?
Haïdar El Ali - Le président Macky Sall
est dans de bonnes dispositions par rapport à ces questions et me
soutient beaucoup dans ma volonté de mettre un terne à ce pillage. Notre
problème, c’est que nous avons des ressources et des compétences
limitées au sein du ministère des pêches et des affaires maritimes.
Notamment pour la réalisation des inventaires scientifiques des espèces
présentes au large de nos côtes. Les petits pélagiques[1] représentent
pour le Sénégal la sécurité alimentaire. Mais ils nourrissent aussi
toute la sous-région, car nous exportons ces poissons vers le Burkina
Faso, le Ghana et le Mali. Or quand on sait que les bateaux-pirates les
pêchent pour les transformer en farines de poisson pour nourrir des
animaux… Rendez-vous compte: on pille nos poissons pour nourrir les
porcs des pays développés! Et dans le même temps, vous avez toute cette
jeunesse démunie, qui s’embarque sur des pirogues dans l’espoir de
trouver des petits boulots! C’est inadmissible moralement.
JDLE – De quels outils disposez-vous pour agir ?
Haïdar El Ali - On
va se servir du droit pour mettre un terme à cette situation, avec un
projet de loi plus musclé. Aujourd’hui, nous ne sommes en mesure que de
saisir la cargaison et les filets et d’infliger une amende de 200.000
francs CFA (300.000 euros) maximum, qui peut être doublée en cas de
récidive. C’est totalement insuffisant. Je souhaite que dans la nouvelle
loi, les membres d’équipage puissent être envoyés en prison, car ils
savent très bien ce qu’ils font: du pillage à but lucratif. En outre,
nous voulons pouvoir saisir le bateau lui-même, soit pour le couler,
soit pour le vendre, soit pour qu’il devienne la propriété de l’Etat
sénégalais. Nous butons aussi sur un problème de moyens en matériel. A
titre d’exemple, il faut savoir que l’Oleg Naydenov est le 6e bateau
repéré ces trois derniers mois [depuis la prise de fonction d’Haïdar El Ali], mais le premier que nous parvenons à arraisonner et à contraindre à nous suivre vers les côtes.
JDLE – Les accords régissant les quotas de pêche ont beaucoup évolué ces dernières années. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Haïdar El Ali - En
2010, des contrats ont été signés, autorisant ces chalutiers étrangers
de 120 mètres [ils seraient une quarantaine] à venir pêcher chez nous.
Il s’agissait de contrats totalement léonins. D’autant que les
propriétaires des chalutiers s’étaient engagés à verser 35 FCFA par kilo
de petits pélagiques pêchés, alors qu’en fait, ils le payaient 100.
Donc 65 FCFA disparaissaient dans la poche de certaines personnes, avec
la complicité des propriétaires des chalutiers. Le président Macky Sall
a mis un terme à ces pratiques en refusant, en 2012, de reconduire ces
contrats. Les bateaux concernés se sont donc repliés sur la Guinée
Bissau [au sud du Sénégal], avec qui les chalutiers ont conclu de
nouveaux accords de pêche. Et c’est depuis là qu’ils réalisent des
incursions dans nos eaux. Ce qui est d’autant plus facile qu’il s’agit
d’une partie de la côte très peu surveillée. Il faut se rendre compte
que nous avons 700 kilomètres de côtes à patrouiller, à quoi se
rajoutent 200 milles marins (370 km), qui sont sous notre souveraineté.
Or au-delà de 50 miles, nous surveillons très peu, faute de moyens.
C’est pour cela que le partenariat que nous venons de nouer avec
l’association Sea Sheperd –et d’autres s’ils veulent nous aider- va nous être précieux.
Haïdar El Ali - Mais
qui les accuse donc d’être des pirates? Les pilleurs eux-mêmes! Cette
réputation me réconforte et me conforte dans mon choix: ils vont aller
sur le terrain pour démasquer les vrais pilleurs. Leur première mission
va consister à réaliser un inventaire de la situation. Ils vont recenser
l’ampleur des dégâts sur la faune halieutique, mais aussi géo-localiser
les bateaux étrangers. Notre marine nationale prendra le relais. Ce
sont des gens d’action, qui ne perdent pas de temps en grandes théories
et qui se battent vraiment contre les bateaux pilleurs. On est demandeur
de ça. J’ai toujours l’image de ce petit enfant qui jette une pièce
dans la tirelire du WWF en pensant que ça va sauver les pandas… Il y a
trop d’ONG internationales qui accaparent les subventions et organisent
des tas de séminaires ou vendent des animaux en peluche…
Et
pendant ce temps-là, la planète meurt! Nous, on le voit au quotidien:
la ressource est en train de disparaître! Le désert avance, les réserves
halieutiques disparaissent et notre jeunesse prend des pirogues dans
l’espoir de trouver un Eldorado de l’autre côté de la mer…
JDLE – Cette révolution dans la gestion des ressources que vous appelez de vos vœux, quels effets en escomptez-vous ?
Haïdar El Ali - L’US
AID, l’agence de coopération américaine, a calculé que le Sénégal perd
chaque année 150 Md FCFA à cause de ces pillages. A terme, nous voulons
que ces ressources soient mieux gérées, mieux connaître les périodes de
reproduction et de repos, etc. pour amener la pêche artisanale à adopter
des techniques de pêche durable. Si nous gérons bien nos ressources,
tant minières qu’halieutiques, agricoles ou forestières, l’emploi de la
jeunesse est assuré. L’Afrique vit d’une économie de prélèvement. Or les
conditions se dégradent. Aujourd’hui, 40% des terres cultivables du
Sénégal sont gagnées par le sel, à cause de la déforestation ou des feux de brousse [contre lesquels Haïdar El Ali a lancé, en mars 2013, un plan d’action].
Un pêcheur qui n’attrape rien restera pauvre, ne pourra pas nourrir sa
famille, envoyer ses enfants à l’école, etc. C’est de sécurité
alimentaire qu’il s’agit, mais aussi de sécurité tout court, puisqu’un
pêcheur pauvre renoncera à acheter le gilet de sauvetage qui lui
permettrait de protéger sa vie! Ces questions ne sont pas prises en
compte dans leur globalité. Alors qu’on met toujours en avant la
croissance, la vraie préoccupation, aujourd’hui, devrait être
environnementale.
Haïdar El Ali, ministre de la pêche et des affaires maritimes du Sénégal
(1) Selon un rapport de la FAO, ces termes désignent les sardinelles (Sardinella aurita et Sardinella maderensis), la sardine (Sardina pilchardus), le pilchard (Sardinops ocellatus), l'anchois (Engraulis encrasicolus), les chinchards (Trachurus trachurus et Trachurus trecae), l'alose rasoir (Ilisha africana), l'ethmalose (Ethmalosa fimbriata), les maquereaux (Scomber japonicus et Scomber scombrus), le Brachydeuterus auritus et le Decapterus ronchus, le poisson-sabre (Trichiurus lepturus.
(2) Il s’agit du Jairo Mora Sandoval,
du nom d’un activiste costa-ricain de 26 ans, tué par balles en mai
2013 sur une plage. Il protégeait les nids de bébés tortues sur la plage.