Mercure : l'Homme contamine l'océan qui contamine l'Homme...
Par Delphine Bossy, Futura-Sciences
Un travail titanesque d’évaluation de la contamination au mercure d’origine humaine a
récemment été réalisé. Le dépôt océanique de ce métal aurait plus que doublé au cours du siècle
dernier ! Les thons, les espadons et les fruits de mer sont largement
contaminés et affectent l'Homme.
Retour
sur le cheminement du polluant, des sources à la contamination chez l’Homme.
Le mercure est un métal
particulièrement dangereux pour les animaux. Toxique pour le système nerveux,
il atteint surtout les organismes en développement. Chez la femme enceinte, il
peut aisément provoquer d’irréversibles malformations du fœtus.
Chez l’adulte, si le mercure est connu pour être un neurotoxique puissant, il
peut également provoquer des perturbations rénales ou des problèmes de fertilité.
Très volatil, ce composé se
retrouve partout. En dépit de son impact sur la santé, les émissions de mercure
dans l’air ont
considérablement augmenté au cours du siècle dernier. C’est une conséquence
directe de l’activité humaine : la combustion du charbon,
les activités minières ou l’industrie métallurgique en émettent allégrement. Le
mercure est un métal lourd qui, oxydé en haute troposphère, finit par
être lessivé et par revenir à la terre. À tel point qu’au cours du siècle
dernier, dans les océans, le taux de mercure a plus que doublé.
Suivre
le cycle du mercure dans l'environnement
Dans une nouvelle étude
publiée dans un numéro spécial du journalEnvironmental Research
et associée au rapport du C-Merc (Coastal and Marine Mercury
Ecosystem Research Collaborative), les scientifiques font un bilan
de la contamination des fruits de mer et des poissons communément
consommés par l’Homme. Cette étude est pionnière, puisqu’elle est la seule à
réunir 2 ans d’études réalisées par plus de 70 scientifiques de différents
domaines (biologie, écotoxicologie,
ingénierie géochimie environnementale, épidémiologie.
Le cycle du mercure (Hg) :
les activités humaines en
sont les principales sources d'émissions. Ce composé volatil atteint la
haute troposphère où il se transforme. Il est ensuite lessivé et se dépose sur
les surfaces continentales et océaniques. Plus les poissons sont gros, plus
ils sont contaminés.
© Isige ENSMP.
Les scientifiques du C-Merc ont dressé un bilan des sources et du devenir du
mercure dans les systèmes marins, ainsi que de leur lien avec la contamination
de l’Homme. Ils ont pour cela tracé les chemins de la transformation du mercure
au méthyle de mercure : des sources aux fruits de mer
jusqu’à l’Homme. « C'est la première fois que les scientifiques
synthétisent les connaissances sur la façon dont le mercure circule à partir de
ses différentes sources, de différentes zones de l'océan et de la chaîne alimentaire », explique
Celia Y. Chen, enseignante-chercheuse en biologie
à Dartmouth.
Réduire
les émissions de mercure pour décontaminer l'océan.
L’étude montre que le dépôt
de mercure océanique provient de l’atmosphère à 56 % pour
les golfes et à 90 % pour l’océan large. Les estimations des modèles utilisés
pour le rapport indiquent que les concentrations de méthyle de mercure dans les
poissons marins diminuent proportionnellement à la baisse des apports de
mercure. En effet, les simulations suggèrent qu’une réduction de 20 % du dépôt
de mercure diminuerait de 16 % le niveau de mercure des poissons.
Toutefois, une réduction de 20 % des dépôts de mercure exige des diminutions
importantes des émissions anthropiques actuelles, compte tenu de l'importante
accumulation de mercure dans les environnements terrestres et les eaux
océanique.
L'équipe du C-Merc estime
que les apports fluviaux peuvent générer 80 % des entrées totales de mercure
dans certains estuaires. « L'impact du mercure rejeté dans les eaux des rivières
a été quelque peu sous-estimé.
Pourtant, les baies et les estuaires peuvent être des sources importantes de
poissons pour les pêcheurs locaux, et le contrôle de ces sources peut avoir
d'importantes retombées locales », explique Charles T. Driscoll, le deuxième auteur de la
publication. Il y a malgré tout une bonne nouvelle : le processus de
contamination est réversible. En
réduisant les émissions anthropiques, les animaux marins seront moins
contaminés.
**************
Plus prés de
chez nous…
Vous trouverez en (P.J) un
article de Justin Lestage dans le SUD OUEST du
10 novembre 2012 :
Lacs médocains du mercure dans les poissons
Bien
cordialement
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