Plastique : menace sur les océans.
Rediffusion le vendredi 18 janvier 2013 à
9 heures 20 sur
Pour être correctement informé sur l'état
réel de nos océans.
Quelles sont les conséquences de la
pollution des océans par les matières plastiques ?
Un état des lieux des connaissances
scientifiques actuelles.
Tout le
monde est conscient du problème
– car qui n’a
jamais pesté en découvrant, sur une plage, des résidus de plastique rapportés
par la mer : briquets, rasoirs jetables, brosses à dents… ? Malheureusement,
l’ampleur et la gravité du fléau nous échappent. Même si ses conclusions sont
alarmantes, ce documentaire est donc le bienvenu car il dresse pour la première
fois un état des lieux en forme de signal d’alarme. De tout temps, l’océan – qui
couvre les trois quarts du globe – a été considéré comme une gigantesque
poubelle, où il était permis de rejeter n’importe quoi, la biodégradabilité
garantissant le nettoyage. Jusque vers le milieu du siècle dernier, on ne se
gênait même pas pour balancer dans la mer – et pas toujours à la verticale des
fosses océaniques les plus profondes – des fûts de déchets radioactifs : on
considérait qu’il n’y avait aucune limite à la capacité de digestion des flots
bleus. Sans compter les nombreuses épaves de sousmarins nucléaires soviétiques
qui croupissent au fond de la Baltique… D’ailleurs, l’exemple vient de la nature
qui, via les vents, les fleuves, les eaux de ruissellement, recycle en mer
d’innombrables quantités de détritus, minéraux, végétaux ou
animaux
Si on
laisse de côté la question des substances radioactives,
et des poisons
genre mercure et autres métaux lourds, la question du recyclage océanique des
ordures se ramène aux seules matières plastiques. Selon les estimations fournies
par le documentaire, les océans en reçoivent pas moins de 20 000 tonnes
quotidiennement, soit 6 millions de tonnes chaque année. Or ces matières
plastiques, inventées et fabriquées par Homo sapiens – fâcheuse exclusivité -,
perturbent gravement le processus de la digestion océanique, et pour cause :
elles sont imputrescibles, et échappent complètement à la biodégradabilité.
Entières ou en fragments, jetées directement ou échappées des stations
d’épuration, originaires du voisinage ou venues de l’autre bout du monde ? Nul
ne peut savoir : les coupables ne sont pas responsables, et vice
versa.
Point de
départ du film : une plage poubelle bien connue à Hawaï
– île située au
milieu de l’océan Pacifique. Comme elles ne sauraient provenir de l’île
elle-même, ces innombrables ordures en plastique sont forcément originaires de
la lointaine Asie, ou de la non moins lointaine côte Ouest américaine. Le tout
s’agglutine en un pêle-mêle indistinct, dans une même crique hawaïenne, en vertu
d’immuables courants marins. C’est d’ailleurs une découverte récente que celle
des effets rassembleurs de ces courants, qui ratissent, aiguillent et regroupent
– toujours aux mêmes endroits, nommés « plaques de concentrations » – les
saletés insubmersibles. Il en a toujours été ainsi. Mais, jadis, la « récolte »
non désirée qui s’échouait sur certaines côtes se composait d’algues, de troncs
d’arbres ou de morceaux de bois, de noix de coco, de cadavres animaux – des
substances naturelles qui pourrissaient pour ensuite
fertiliser.
Aujourd’hui, il s’agit surtout d’objets en
plastique, imputrescibles
-mais pas anodins
pour autant : « L’usure, les chocs, les rayons ultraviolets finissent par
fissurer et déstructurer ces substances », explique un chercheur. Sous forme
de billes, ou de fragments minuscules, les macromolécules de synthèse se
trouvent ainsi libérées pour une diffusion plus large, invisible, insidieuse :
« Sur les côtes antarctiques, baignées par la mer la plus propre du monde, 80
% des oiseaux ont des fragments de plastique dans
l’estomac.
Les «
microplastiques » ont tous les défauts :
ils contiennent
du DDT, du BPA (bisphénol A, aux effets hormonaux) et des PCB
(polychlorobiphényles). Notons que ces derniers sont partout interdits depuis
les années 1980, et restent pourtant omniprésents : la nature a la mémoire
longue, et les polluants sont des bombes à retardement. En outre, ces petites
billes ou fragments de plastique constituent des leurres pour de nombreux
animaux marins, qui les confondent avec du plancton et s’empoisonnent en les
ingérant – poison transmis aux oiseaux qui, à leur tour, les mangent. Lesquels
cessent de se reproduire, leurs femelles ne pondant plus que des œufs stériles.
Enfin, pour des raisons non élucidées, les microbilles de plastique attirent
« comme des aimants » les molécules toxiques rencontrées, qui s’y
agglutinent. Elles entraînent aussi avec elles des spores, des œufs de poisson,
des coquillages minuscules, qui en profitent pour voyager vers des latitudes
lointaines – où la reproduction et l’épanouissement de pareilles espèces
exotiques ne sont pas forcément les bienvenues… L’océanographe et écologiste
Marcus Eriksen, qui cherche à localiser toutes les plaques de concentration,
nous invite à « prendre conscience de l’étendue des dégâts ». Quant à
trouver des solutions au problèmes.
Fabien
Gruhier
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