Irène
Frachon, lanceur d'alerte
Le Mediator 150mg est
un medicament antidiabétique souvent prescrit comme coupe-faim, dont
l'autorisation de mise en marché a été suspendue par l'Afssaps (Agence du
médicament), en novembre 2009, en raison de sa toxicité avec risque avéré
d’atteinte des valves du cœur que sa consommation entrainait pour les
patients.
Les valvulopathies
sont des maladies qui peuvent être mortelles.
Deux millions de personnes ont consommé du Mediator. Et 300 000 encore tous les jours au moment où l'interdiction faite aux pharmaciens de le vendre a été prononcée.
Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, a été l'un des médecins dont l'enquête a conduit l'Afssaps à faire retirer le Mediator du marché.
Deux millions de personnes ont consommé du Mediator. Et 300 000 encore tous les jours au moment où l'interdiction faite aux pharmaciens de le vendre a été prononcée.
Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, a été l'un des médecins dont l'enquête a conduit l'Afssaps à faire retirer le Mediator du marché.
Elle est l'auteur du
livre "Mediator 150mg combien de morts ?."
Pour l'écouter :
Dans LA TETE AU
CARRE par
Mathieu
Vidard
du lundi au vendredi de 14h à 15h
sur
***
Décès
liés au Mediator :
"Nous
sommes en-dessous de la réalité"
Publié
le 9 février 2012 à 16h40
Mis à jour le 9 février 2012 à 17h31
Mis à jour le 9 février 2012 à 17h31
Agnès
Fournier, épidémiologiste à l'Inserm, est co-auteur d'une étude sur la mortalité
attribuable au Mediator à paraître vendredi. Elle commente, pour
''France-Soir'', cette enquête, la première publiée dans une revue scientifique
internationale, ''Pharmacoepidemiology & Drug
Safety''
France-Soir. Que
révèle votre étude?
Agnès Fournier.
Notre
étude indique que le Mediator du laboratoire Servier est probablement à l'origine de 3.100 hospitalisations et d'au moins 1.300
morts entre 1976 et 2009 en France. Ces chiffres ne sont pas nouveaux: ils
confirment les données que nous avions déjà communiquées à l'Afssaps fin 2010.
L'agence nous avait sollicités pour effectuer ces calculs, et nous avions alors
avancé une fourchette de 1.000 à 2.000 morts causés par le Mediator. L'article
que nous publions vendredi dans la revue Pharmacoepidemiology & Drug
Safety détaille nos méthodes de calcul et donne un résultat un peu plus fin.
En outre, cette publication donne plus de poids à nos résultats puisque ceux-ci
ont été validés par des pairs, lors d'un comité de
lecture.
F.-S. Comment
êtes-vous parvenus à ces conclusions?
A. F. Nous avons utilisé
plusieurs sources, en particulier des données de l'Assurance maladie sur le
nombre d'hospitalisations pour insuffisance valvulaire chez les personnes ayant
pris du Mediator, et une étude américaine portant sur la surmortalité par
valvulopathie, montrant qu'en cas d'atteinte valvulaire modérée à sévère, le
risque de décès prématuré était de 43%.
F.-S. Pensez-vous que
le nombre de 1.300 morts avancé dans votre étude peut être inférieur au nombre
réel de décès causés par le Mediator?
A. F. Il est fort probable
que nos conclusions soient en-dessous de la réalité car, faute de données
suffisantes, nous avons considéré qu'il n'y avait pas de sur-risque de
valvulopathie chez les personnes traitées moins d'un an et demi avec du
Mediator. Or, c'est une hypothèse optimiste, puisque des études portant sur
d'autres dérivés de la même molécule ont montré qu'il pouvait y avoir un risque
supplémentaire de valvulopathie dès six mois de
traitement.
F.-S. Y a-t-il des
aspects relatifs à la dangerosité du Mediator qui ne sont pas abordés dans votre
étude?
A. F. Absolument. Notre
étude ne porte pas sur l'hypertension artérielle pulmonaire. En outre, les décès
non précédés d'une hospitalisation pour valvulopathies n'ont pas non plus été
pris en compte.
F.-S. Quelle est la
place de l'affaire du Mediator par rapport à d'autres scandales
sanitaires?
A. F. C'est très difficile
à dire. La seule chose que je voudrais préciser c'est que ces données portent
sur une période très longue, puisqu'elle sont à rapporter à plus de 30 ans de
consommation de Mediator, en France.
Propos
recueillis par Marie Conquy
Source :
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