La perte de biodiversité menace aussi l'homme
photo
: Rodrigo
Arangua,
Une extinction de la vie sauvage pourrait menacer des milliards d'être humains qui en dépendent pour leur nourriture et leur subsistance, selon un rapport sur la perte de la biodiversité présenté mardi à la conférence de l'ONU Rio+20.
Les experts ont
présenté un tableau sombre de la biodiversité de la planète alors que les
dirigeants du monde commençaient à arriver à Rio pour un sommet sur le
développement durable.
Sur 63.837 espèces
passées en revue, 19.817 courent le risque de subir le même sort que le dodo,
cet oiseau de l'île Maurice devenu le symbole de l'extinction des espèces du
fait de l'homme.
Sont menacées 41%
des espèces amphibies, 33% des barrières de corail, 25% des mammifères, 20% des
plantes et 13% des oiseaux, selon la Liste rouge de l'Union internationale pour
la conservation de la nature (UICN) publiée tous les ans.
Beaucoup sont
essentielles aux hommes, fournissant nourriture, travail et un réservoir
génétique pour améliorer les récoltes et créer de nouveaux médicaments.
"Un
signal d'alarme"
Ces résultats sont
"un signal d'alarme pour que les dirigeants du monde réunis à Rio garantissent
les réseaux vivants sur cette planète", a déclaré Julia Marton-Lefevre,
directrice de l'IUCN.
"Quatre-vingt pour
cent de nos apports en calories proviennent de douze espèces de plante", a
souligné le professeur Stephen Hopper, directeur du jardin botanique de Kew, à
Londres.
"Si nous nous
soucions de ce que nous mangeons et des médicaments que nous utilisons, nous
devons agir pour conserver les plantes médicinales et les parents sauvages de
nos cultures", a-t-il dit.
La fameuse liste
rouge examine en détail une petite fraction des espèces connues dans le monde
afin d'établir un diagnostic de la santé de la biodiversité.
Les pays du monde
entier s'étaient engagés en 2000 à freiner la perte des espèces dans un délai de
dix ans, mais ils sont loin d'y être parvenus.
Après cet échec, ils
ont établi "un plan stratégique pour la biodiversité" pour prévenir l'extinction
des "espèces les plus connues". Sur les 63.837 espèces évaluées pour cette
étude, 3.947 étaient dans une situation critique, 5.766 étaient en danger et
10.104 étaient vulnérables, soit un total de 19.817 espèces menacées.
Soixante-trois
espèces ont disparu de la vie sauvage et 801 ont été totalement éliminées, comme
le "ovate clubshell", un mollusque des rivières américaines.
La disparition des
espèces est souvent le résultat d'une destruction de leur habitat. Mais des
espèces envahissantes et, de plus en plus, les conséquences probables du
réchauffement climatique sont aussi responsables.
Le rapport pointe du
doigt l'exploitation outrancière des océans, des lacs et des rivières.
"Dans certaines
régions du monde, jusqu'à 90% des populations côtières vivent de la pêche, mais
la surpêche a réduit certains stocks de poisson de plus de 90 pour cent", a
alerté l'IUCN, soulignant que 55% des barrières de corail, dont dépendent 275
millions de personnes pour leur subsistance, sont victimes de surpêche.
En Afrique, 27% des
poissons d'eau douce sont maintenant menacés alors qu'en Asie, l'espèce connue
comme le hareng du Mekong (Tenualosa thibaudeaui) est vulnérable. En Europe, 16%
des papillons endémiques sont en danger, de même que 18% des chauve-souris dans
le monde, en dépit de l'apport des insectes et des oiseaux à l'écosystème évalué
à plus de 200 milliards de dollars par an.
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